Enquête sur Versilov

19.12.2016 – 15.02.2017

d’après « L’Adolescent » de Dostoïevski, dans la traduction d’André Markowicz

Le roman « L’Adolescent » de Dostoïevski, adapté ici pour les dix étudiant.e.s de la promotion 2017, nous plonge dans le cœur de la pensée fiévreuse et prémonitoire de l’auteur. L’intrigue égrène scandales et crises mentales en parcourant un labyrinthe humain nourri d’ambiguïtés. Autour du soliloque tourmenté du héros, se déploie un éventail de personnages parmi lesquels les caractères féminins prennent un relief particulier.

Porter Dostoïevski sur une scène de théâtre n’est pas une nouveauté. « L’adolescent » en revanche, n’a jamais été adapté à la scène. Ce défi particulier nous confronte à un fleuve trouble de paroles, parcourant une intrigue qui ne cesse de se ramifier et semble échapper à toute certitude. Il s’agit de l’errance d’une jeunesse qui doit trouver son chemin dans la perte de ses repères.

Le « roman le plus pouchkinien de Dostoïevski » comme le définit le traducteur André Markowicz, est écrit comme un soliloque à la première personne par le héros qui donne le titre au roman. « Oui, c’est bien un jeune homme qui parle, et qui parle faux, et qui tâtonne, et se trompe, qui n’est pas capable de suivre un plan, et qui, même s’il vous exaspère, ne peut que vous toucher » (Markowicz).

Le soliloque se transforme en polyphonie à travers les parties dialoguées du roman, constituant un polygone relationnel et passionnel particulièrement inextricable. Si nous sommes, avec l’adolescent, amené à traverser ce chaos démoniaque, ce « tohu-bohu » en étant « ballotté d’impression en impression, de choc en choc, de scandale en scandale », c’est que toute l’intrigue est aimantée par un centre de gravitation qui exerce son pouvoir comme un trou noir :   Andréi Pétrovitch Versilov, personnage aux prises « avec son double », figure par excellence du père absent, absent chez nous dans le sens propre du terme. L’atelier rend hommage aussi à une grande compositrice russe méconnue du grand public, Galina Ustvolskaïa (1919 – 2006), qui vécut toute sa vie dans la ville de Dostoïevski, devenue successivement Pétrograd, Leningrad, avant de reprendre le nom de St Petersbourg.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                Lukas Hemleb

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